L’éprouvé de deuil est tissé d’un ensemble de manifestations à la fois psychiques (tristesse, chagrin, désinvestissement momentané de la réalité externe,…) et physiques (troubles du sommeil, perturbations alimentaires, angoisses, fatigue, …).

Mais celles-ci restent en principe circonscrites à l’actualité du deuil et à la temporalité du travail psychique que celui-ci occasionne (un travail de deuil dont la durée s’avère néanmoins variable selon les sujets). Tout autres sont en revanche les atteintes au corps et même les maladies somatiques apparaissant chez l’endeuillé, dans l’après-coup de la disparition de son objet d’amour.

Nombre d’auteurs et de praticiens ont de longue date constaté la récurrence de ces deux phénomènes : deuil et maladie somatique – ces situations cliniques étant d’ailleurs susceptibles d’être observées chez l’individu endeuillé à tout moment de son existence. Mais qu’en est-il dans le moment de l’adolescence, de la post-adolescence ou de l’adulescence même ?

Deuil corpsLoin d’établir une causalité linéaire entre ces deux phénomènes – deuil et maladie – leur récurrence conduit à s’y intéresser d’un peu plus près. Considérer et réduire ces réalités somatiques comme simples réactions (psycho)pathologiques à la perte et à la réalité de la mort, voire les penser comme traces d’échec du travail du deuil sinon d’entraves dans ce processus, revient à obérer la complexité de la subjectivité qui s’exprime ainsi, à la faveur de cette création somatique au carrefour du vivant et du mort.

A partir de quelques brefs exemples, nous nous attacherons à mettre en évidence certaines fonctions et significations psychiques de ces mises en corps comme surfaces d’inscription et de traduction de réalités psychoaffectives singulièrement mobilisées et réactivées chez l’adolescent par l’actualité d’un deuil.

Extrait de l’intervention de Nathalie DUMET (Professeure de psychopathologie. Directrice université Lyon 2) lors de la conférence de la FEVSD « Les jeunes en deuil ».